La gauche et la droite veulent réformer l’école en profondeur

Publié le par SNFOLC Jean Renoir

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La gauche et la droite veulent réformer l’école en profondeur



Individualisation des parcours scolaires, redéfinition du métier d’enseignant : l’UMP et le PS promettent des réformes de fond pour 2012

Les propositions présentées cette semaine par les deux principales formations politiques, l’UMP et le PS, ont en commun de dessiner une réforme de fond du système éducatif destinée à répondre aux dysfonctionnements de la scolarité obligatoire. Ces pistes, qui ne forment pas encore des programmes précis, révèlent certains consensus, notamment sur l’autonomie des établissements, mais également de nettes divergences.

Lutter contre l’échec scolaire

Dans leurs propositions sur « l’égalité réelle » présentées mardi 2 novembre, les socialistes proposent de rendre la scolarité obligatoire dès 4 ans, contre 6 ans aujourd’hui. La priorité budgétaire sera accordée à l’école afin de restreindre le nombre d’élèves par classe et, si besoin, permettre le renfort d’un deuxième professeur pour assurer un suivi individualisé des élèves.

Le PS veut rétablir la semaine de cinq jours et réduire les vacances d’été. Les socialistes proposent par ailleurs une meilleure transition entre l’école et le collège avec « participation des enseignants du primaire au collège et réciproquement ». Le PS accepte la création (en 2005) du socle commun de connaissances et propose même de pousser cette logique jusqu’au bout : au collège, il s’agira de renouveler les programmes. Il veut enfin ouvrir le droit à la scolarité jusqu’à 18 ans, contre 16 aujourd’hui.

À l’école primaire, l’UMP prône la mise en place d’une charte de la scolarité passée entre les enseignants, l’élève et sa famille. Dans une volonté de « responsabilisation », le parti présidentiel propose également la signature de « contrats d’objectifs » entre recteurs et directeurs d’école primaire. Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, a évoqué mardi 25 octobre un « examen de passage en sixième », suscitant une polémique sur le sujet.

Pour Xavier Bertrand, la question du retard scolaire doit être traitée plus en amont, avec un bilan dès la fin du CE1. Le secrétaire général de l’UMP évoque des rattrapages durant les vacances scolaires pour les élèves en difficulté. Concernant le secondaire, le ministre de l’éducation, Luc Chatel, estime que « le collège unique ne doit pas être le collège de l’uniformité ». Il évoque la possibilité de « proposer, dès la quatrième ou la troisième, une filière préprofessionnelle » à certains collégiens.

Redéfinir les missions des enseignants

Le PS s’engage à ouvrir « le chantier des missions et de l’organisation du service des enseignants ». Il s’agit de définir les nouvelles tâches (tutorat, accueil des élèves et des familles…). La contrepartie est une revalorisation salariale de ces métiers. Le PS réformera la formation des enseignants « sacrifiée par la droite ».

Il veut refonder les IUFM avec l’introduction, dans la formation, d’une option (recherche, deuxième discipline, direction d’établissement) pour faciliter les évolutions de carrière. Les enseignants en collège seront amenés à enseigner plusieurs disciplines.

De son côté, l’UMP préconise également que les professeurs enseignent plusieurs disciplines en sixième et propose que les enseignants, sur la base du volontariat, accompagnent les élèves en difficulté en faisant des heures supplémentaires.Le gouvernement souligne que la moitié des économies réalisées par le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, soit 196 millions d’euros, est attribuée à la hausse de salaire des enseignants, correspondant à son objectif d’avoir « moins de fonctionnaires, mieux rémunérés ».

Réformer le fonctionnement des établissements

Luc Chatel souhaite « rompre avec la rigidité des décisions qui viennent d’en haut ». Le programme Clair (« Collèges et lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite »), mis en place depuis la rentrée 2010 dans une centaine de collèges et de lycées en France accumulant des difficultés, augmente le rôle des chefs d’établissements dans le recrutement de leurs professeurs.

Il doit être étendu à la rentrée 2011. Au-delà des questions administratives, l’UMP souhaite élargir l’autonomie des établissements, en matière budgétaire – la répartition de la dotation horaire globale – et pédagogique.

Le PS se prononce également pour le renforcement de l’autonomie des établissements : sur le plan pédagogique, il s’agit, « dans un cadre défini et évalué nationalement », de confier aux établissements « une part importante de leur dotation en heures d’enseignement pour donner corps au projet d’établissement ». Cette dotation serait garantie de manière pluriannuelle. Sur le plan administratif, il s’agit de décloisonner l’école.

Les propositions du PS restent sur ce point assez vagues : il s’agit de faire « une large place à l’initiative, la responsabilité et l’expérimentation afin de permettre à l’ensemble de la communauté éducative de réinvestir le champ éducatif ». Cette ouverture de l’école à d’autres partenaires (parents, mouvements d’éducation populaire…) serait formalisée dans le cadre de « projets éducatifs locaux ».

Rétablir l’égalité des chances

L’UMP n’envisage pas de revenir sur l’assouplissement de la carte scolaire, considéré comme « une manière de favoriser l’égalité des chances et la diversité sociale au sein des établissements scolaires ». Le bilan de cette mesure, promise par Nicolas Sarkozy lors de la dernière campagne présidentielle et mise en place à la rentrée 2007, a été vivement critiqué ces derniers mois.

Venu s’exprimer à la convention sur l’éducation de l’UMP mardi 2 novembre, Jean-François Copé a cependant estimé qu’il était « temps de casser les ghettos scolaires » et lancé une piste « très embryonnaire mais qui mérite d’être menée » : le regroupement de collèges par niveau de classe, certains regroupant les sixième-cinquième et d’autres les quatrième-troisième.

Conscient que les écarts se creusent, le PS fait de l’égalité des chances une de ses priorités. Le PS ne veut pas rétablir une stricte carte scolaire, qui avait montré ses limites, mais introduire « des critères sociaux et scolaires dans le nouveau dispositif de sectorisation ». Cet « indice de mixité sociale » concernerait également l’enseignement privé.

« Une juste contrepartie du financement public dans les établissements privés sous contrat impose qu’ils soient également soumis à des objectifs de mixité sociale », explique-t-il. Concernant les zones d’éducation prioritaire (ZEP), le PS propose de sortir du « saupoudrage » en concentrant les moyens sur les établissements les plus en difficulté. Il fixe l’objectif de 15 élèves par classe dans les établissements.

 

 

 

Yann Bouchez et Bernard Gorce

 

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