Rentrée : les syndicats d'enseignants entre expectative et combativité (Le Monde)

Publié le par SNFOLC Jean Renoir

Syndicats d'enseignants et nouveau ministre de l'éducation se jaugent à la veille de la première rentrée de Luc Chatel. Les 13 500 postes partis en fumée à cette rentrée et les 16 000 autres suppressions qui devraient figurer au budget 2010 exaspèrent les syndicats. L'état d'esprit dominant est néanmoins l'expectative. Les organisations professionnelles ne voient pas bien, pour l'instant, comment s'y opposer efficacement.
Le SNES dans le secondaire et le Snuipp dans le primaire sont deux puissantes organisations de la Fédération syndicale unitaire, la FSU. Le SNES (38 % des voix dans le secondaire, mais 45 % avec le syndicat FSU de l'éducation physique) est sur une ligne combative.

Considérant M. Chatel comme un ministre "consensuel" mais dépourvu "de projet éducatif", il souhaite "construire une action" qui pourrait être "une initiative du type grève avant les vacances de la Toussaint". Cette action serait dirigée contre "l'asphyxie progressive" du service public et contre toute précipitation concernant la réforme du lycée, que cette organisation considère avec beaucoup de méfiance.

Le Snuipp-FSU (47,05 % dans le primaire) ne cache pas son soulagement que M. Darcos, à ses yeux coupable d'une "déstabilisation" des écoles, soit parti. Mais il est désireux de s'assurer que M. Chatel n'ira pas dans le même sens et soucieux de ne pas être débordé par les "désobéisseurs". Il est partisan d'une "action" à visée dissuasive.

Le SE-UNSA (22,95 % des voix dans le premier degré, 8,08 % dans le second) est préoccupé par les suppressions de postes - "prétendre investir dans l'éducation tout en supprimant des emplois est contradictoire", a déclaré son secrétaire général, Christian Chevalier - et déplore le "rétrécissement" du dialogue social.

Mais il ne juge pas crédible une action dès la rentrée et reconnaît que, d'une manière générale, il est de moins en moins facile de "faire bouger les collègues". Il redoute par ailleurs que la réforme du lycée ne se réduise à une "opération cosmétique" du fait de l'opposition de la FSU.

Le SGEN-CFDT (7,42 % dans le primaire, 10,07 % dans le secondaire) partage cette inquiétude. Son secrétaire général, Thierry Cadart, confesse une position "attentiste". Il "ne cerne pas encore bien" l'action de M. Chatel et espère que le ministre a "pris la mesure des mauvais choix de M. Darcos". Il continue de s'interroger sur le moyen d'accrocher l'opinion publique pour stopper le "rouleau compresseur" des suppressions de postes.

Le Snalc (environ 10 % parmi les professeurs des collèges et des lycées généraux), classé à droite, a été rejoint par certains enseignants de gauche et se déclare "indépendant". Celui qui avait multiplié à l'encontre de M. Darcos les adresses virulentes, juge, par la voix de son président, Bernard Kuntz, que le nouveau ministre, "n'a encore rien fait, on ne va pas le menacer". Il suffirait de peu pour que ce syndicat, "dans l'expectative", ne déterre la hache de guerre.

Plusieurs petites organisations sont par ailleurs hostiles aux réformes en cours. Parmi celles-ci, il faut compter FO éducation (7,81 % dans le primaire, 5,95 % dans le secondaire), la CGT (2,33 % dans le premier degré, 5,89 % dans le second), et Sud-Education (6,02 % dans l'ensemble primaire et secondaire). Ce dernier estime que "l'ex-DRH de L'Oréal, nouveau ministre de l'éducation, a été nommé pour continuer le "sale boulot" initié par Darcos".


LE MONDE | 31.08.09 | 15h26  •  Mis à jour le 31.08.09 | 15h26

Luc Cédelle

Publié dans Actualité

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